Marc Buonomo : l'expert en lancer de tablier
On lui doit plusieurs prouesses concernant le viaduc de Millau : du système de poussage aux palées provisoires en passant par les équipements métalliques de tête de pile.
Depuis l'enfance, Marc Buonomo (promotion Cluny 1970) était fasciné par la construction des ponts. Il en a finalement fait son métier. Et, en décembre 2004, il a poussé le viaduc de Millau au-dessus de la vallée du Tarn. Ce pont, qui relie le Causse Rouge au Larzac est, avec ses 245 mètres de hauteur, le plus haut pont du monde.
Cinq années ont été nécessaires pour réaliser cette construction. En tant que directeur des ouvrages d'art chez Eiffel, Marc Buonomo a imaginé un système de poussage révolutionnaire : un ensemble de translateurs hydrauliques posés au sommet des piles et synchronisés par un ordinateur central.
Un record du monde
Ces translateurs permettent de lancer le tablier entre chaque pile. L'écart entre deux piles étant de 342 mètres, des palées provisoires ont dû être construites pour diviser la distance de lançage par deux, soit 171 mètres. Il détient, grâce à cette prouesse, le record du monde de distance. Le précédent étant de 140 mètres. Sur chaque pile et palée, l'ingénieur a l'idée de placer des translateurs hydrauliques afin de répartir les efforts de poussée. Des vérins motorisés, qui doivent avancer tous à la même vitesse, sont synchronisés grâce à l'informatique. En associant l'ordinateur à la puissance hydraulique, ce système permet ainsi d'annuler les efforts du lançage au sommet des piles.
Il a également intégré à la surveillance du lançage de tablier, un GPS différentiel utilisé par l'Institut géographique national.
« Plus de 3 kilomètres séparaient les deux extrémités du viaduc. Il n’existait aucun instrument d’optique capable de prendre des mesures sur une telle distance. Ce GPS offre ainsi une précision plus fine encore que le centimètre », explique Marc Buonomo.
30 ans chez Eiffel
Avec cette innovation, Marc Buonomo a figuré parmi les finalistes du prix de l’ingénieur-inventeur, prix Chéreau-Lavet 2004. Cet ingénieur Arts et Métiers a mené l’essentiel de sa carrière dans la construction métallique. Dès sa sortie de l’école en 1974, il rejoint la Compagnie française d’entreprise métallique, l’ancien nom d’Eiffel. En 1988, il prend la direction de l’usine de Lauterbourg, au bord du Rhin.
Aujourd’hui, il est directeur de
Caroline Sicard
Pour en savoir plus >>> http://www.leviaducdemillau.com/divers/construction-histoire.html
Source : Arts et Métiers Magazine
Photo : N. Jung/ Esprit-Photo.com